Visite de la glacière à glace naturelle d'Erezée, patrimoine insolite !

Cette année, à l'occasion des Journées du Patrimoine 2018 qui se sont déroulées les 8 et 9 septembre, le Syndicat d'Initiative d'Erezée et Qualité-Village-Wallonie organisaient une visite guidée de la glacière de Fisenne ainsi que la découverte d'une exposition consacrée à ce patrimoine méconnu. Le moulin de Fisenne accueille l'exposition à l'étage.

La glacière de Fisenne s'élève juste à côté du bief du moulin où l'on puisait la glace pendant l'hiver. Elle est un rare témoin des glacières de laiterie en Wallonie.

L'intérieur est aménagé en abri adapté pour les chauves-souris.

La glacière est exceptionnellement ouverte au public à cette occasion. Nombreux sont ceux qui désiraient la découvrir ou la redécouvrir et renouer avec certains souvenirs d'enfance. Des blocs de glace sont déposés sur de la paille à côté d'anciennes cruches à lait.

Petit rappel, cette glacière a fait l'objet d'une restauration avec l'aide de QVW et a été inaugurée en juin 2010 lors d'une Rencontre QVW. Un subside avait été octroyé par le PPPW pour la restauration de la maçonnerie en pierre sèche et pour la promotion de celle-ci avec deux panneaux didactiques placés de part et d'autre de l'entrée de la glacière.

Un peu d'histoire.

Le souvenir des glacières à glace naturelle a pratiquement disparu et rares sont ceux qui aujourd'hui en connaissent encore l'usage.

Pourtant, la conservation de la glace naturelle a fait l'objet de pratiques largement répandues.

Chaque château avait sa glacière, chaque ville possédait les siennes. Un commerce international, brassant un important chiffre d'affaires et grand pourvoyeur d'emplois, approvisionnait les grands centres à climat chaud ou tempéré, au départ de régions plus froides. L'usage des glacière s'est prolongé jusqu'au début du 20e siècle.

Une glacière est un lieu où l'on conserve de la glace naturelle pendant les saisons où le froid n'en produit pas naturellement. Le remplissage, opéré au plus dur de l'hiver, fait l'objet de pratiques ancestrales qui se sont perfectionnées au fil du temps. La glace emmagasinée dans la cuve devait se conserver tout l'été. Le bon fonctionnement d'une glacière dépendait de la technique de remplissage et de la qualité de construction de ses différents éléments (portes, couloir d'accès, cuve, voûte, ...).

L'insertion des glacières dans le domaine économique fait apparaître deux grands circuits de distribution de la glace naturelle.

Le premier, qui connaît son apogée au milieu du 19e siècle, fait appel à un important commerce acheminant la glace vers les grands centres de conservation depuis les pays nordiques. Ce commerce entraîne la construction d'énormes édifices comme la grande glacière de Bruxelles ou encore celle du bois de Boulogne à Paris, dont la capacité peut atteindre les 30.000 m³.

L'autre circuit de distribution concerne une infinité de glacières rurales, généralement construites à proximité des étangs ou des points d'eau. Ces glacières "individuelles" avaient une contenance moyenne de 50m³. Elles équipaient les bourgades et les petites villes.

Aujourd'hui, bon nombre de ces glacières ont disparu. Heureusement, grâce au travail des comités bénévoles, certaines sont préservées, restaurées et mise en valeur.

Après les visites, les participants sont invités à retourner au moulin pour y déguster des produits locaux, un fromage blanc et un apéritif proposé par La Limonaderie. Tout s'est déroulé dans une ambiance conviviale où se sont mêlés souvenirs d'enfance, passion commune pour le patrimoine local et intérêt pour l'histoire et la vie en milieu rural.

La famille du dernier meunier est rassemblée et fait fonctionner une ancienne machine agricole, une batteuse.