30/05/2018 31/05/2018
Régulièrement réapparaît çà et là une remise en question des notions de sécularisation et de décontextualisation des œuvres d'art qui ont présidé à la création, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, des musées modernes. Cette remise en cause conduit à considérer, dans la foulée de Quatremère de Quincy, que l'œuvre d'art ne peut être appréciée que dans son contexte d'origine. D'où le risque de vouloir réécrire notre passé en reconsidérant les transferts patrimoniaux qui ont, de tous temps, jalonné l'histoire.
Le cas sans doute le plus révélateur est celui des saisies révolutionnaires à la charnière du XVIIIe et du XIXe siècle, époque cruciale pour l'éveil de la conscience patrimoniale. Aujourd'hui encore, les passions restent vives en certaines contrées jadis dépouillées de nombreux chefs-d'œuvre. Diverses voix se font par exemple entendre en Belgique pour dénoncer les exactions opérées par les troupes françaises et pour réclamer le retour d'œuvres emportées en 1794-1795. Cette réapparition de revendications faisant fi du principe de non-rétroactivité se situe dans la lignée de la rétrocession de biens artistiques aux familles juives spoliées par les nazis autant que des recommandations de l'UNESCO en faveur de la restitution d'objets culturels enlevés par les anciennes puissances coloniales.
Poser la question de ces transferts de patrimoine à la fin du XVIIIe siècle sous le seul angle des spoliations apparaît toutefois réducteur, car ce serait oublier combien l'appropriation des œuvres culturelles par la nation française procédait alors d'une ambition universelle de libération et de promotion de l'art aux fins d'éducation pour tous les citoyens. Cette ambition démocratique s'est construite sur la notion émergente de patrimoine relevant de l'appropriation collective.
Dans la foulée de l'inventaire scientifique que dresse l'IRPA des peintures et des sculptures spoliées par les révolutionnaires français dans les Pays-Bas autrichiens et la principauté épiscopale de Liège, un colloque de deux jours sera organisé par la même institution pour réévaluer de la manière la plus large les circonstances historiques, politiques et artistiques de ces prélèvements révolutionnaires à travers l'Europe, ainsi que leurs antécédents et répercussions immédiats. La thématique sera élargie à l'ensemble du patrimoine culturel et scientifique concerné, et non pas seulement aux œuvres d'art. Les études de synthèse seront privilégiées sur les études de cas.
Comité scientifique :
Horaires : Séminaire d'histoire de l'art de l'IRPA n° 19, en collaboration avec le Groupe d'études du XVIIIe siècle et des révolutions de l'Université de Liège et avec le Centrum Rubenianum d'Anvers
Nouveaux regards sur les saisies patrimoniales en Europe à l'époque de la Révolution française
Dates : mercredi 30 et jeudi 31 mai 2018.
Lieu : Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA-KIK) à Bruxelles.
Ces deux journées d'étude se tiendront dans l'auditorium de l'Institut royal du Patrimoine artistique les 30 et 31 mai 2018.
Qualité-Village-Wallonie association sans but lucratif
Bureau et siège social
Chaussée d’Argenteau 21 – 4601 Argenteau (Visé) Tél. 04 379 05 01
contact@qvw.be – www.qvw.be